le 06/12/2018

Colonnes montantes électriques : ce que prévoit la loi ELAN

Loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique

Médiateur National de l’Energie, recommandation N° D2018-08950 du 22 octobre 2018

Après un examen par le Conseil constitutionnel ayant abouti à la censure de certaines dispositions (Décision n° 2018-772 DC du 15 novembre 2018), la loi portant Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique (ELAN) a finalement été promulguée le 23 novembre dernier (JO n° 0272 du 24 novembre 2018).

Conformément à ce que le projet de texte issu des travaux de la Commission Mixte Paritaire prévoyait (voir notre brève dans la Lettre d’actualités juridiques du mois d’octobre. 2018), le texte clarifie, en son article 176, le régime applicable aux colonnes montantes en créant au sein du Code de l’énergie les articles L. 346-1 à L. 346-5.

Il résulte de ces dispositions les principes suivants :

  • les colonnes montantes mises en service à compter de la publication de la loi (intervenue le 24 novembre 2018) appartiennent au réseau public de distribution d’électricité. Cela implique donc qu’elles appartiennent aux Autorités Organisatrices de la Distribution d’Electricité (AODE) et sont gérées et entretenues par les concessionnaires de la distribution publique d’électricité.
  • concernant les colonnes montantes électriques mises en service avant la publication de la loi, le principe posé est également celui de leur appartenance au réseau public de distribution et ce, à l’expiration d’un délai de deux ans commençant à courir à compter de la promulgation de la loi, donc à partir du 24 novembre 2020. Cette incorporation intervient sans condition de remise en état préalable et sans aucun flux financier.

Néanmoins, dans le délai de deux ans courant à compter de la promulgation de la loi ELAN, et donc jusqu’au 23 novembre 2020, les propriétaires ou copropriétaires d’immeubles ont la possibilité.

  • soit de notifier au gestionnaire du réseau leur acceptation du transfert définitif au réseau public de distribution d’électricité desdits ouvrages. Dans ce cas, les colonnes montantes électriques sont incorporées de manière anticipée dans le réseau (sans attendre le 24 novembre 2020), et ce, toujours sans condition, tenant notamment à leur état d’entretien.
  • soit de se manifester pour revendiquer la propriété de ces ouvrages, et faire ainsi échec à leur incorporation dans le réseau public de distribution d’électricité.

On relèvera à cet égard que dans une recommandation du 22 octobre 2018 (Recommandation n° D2018-08950), le Médiateur National de l’Energie a anticipé sur la promulgation de la loi ELAN en préconisant à une copropriété de faire usage de ce mécanisme d’acceptation du transfert définitif des colonnes montantes. Le Médiateur était en effet saisi par un copropriétaire qui avait sollicité auprès du gestionnaire du réseau de distribution d’électricité l’installation d’un compteur supplémentaire et auquel ledit gestionnaire avait répondu que la colonne montante électrique devait être rénovée préalablement à toute installation d’un compteur supplémentaire, et que la colonne ne faisait pas partie du réseau public de distribution d’électricité. Dans sa recommandation, le Médiateur National de l’Energie, sans même traiter le fond du problème qui lui était soumis, recommande au copropriétaire « d’informer les copropriétés concernées par un litige sur une colonne montante à rénover du vote définitif de la loi ELAN et du fait qu’il leur sera possible dès promulgation de la loi (vraisemblablement fin novembre 2018) de transférer la colonne montante de leur immeuble, à titre gratuit et sans contrepartie au bénéfice d’Y ».

Les propriétaires et copropriétaires d’immeubles sont donc incités à faire usage du mécanisme d’acceptation du transfert définitif prévu par la loi ELAN.

Enfin, l’article 176 II de la loi ELAN, non codifié au sein du Code de l’énergie, apporte une précision intéressant, non pas les propriétaires ou copropriétaires d’immeubles mais plutôt les AODE puisqu’il prévoit que les entreprises concessionnaires de la distribution publique d’électricité n’ont pas l’obligation de constituer des provisions pour renouvellement des colonnes montantes électriques, et ce, y compris en cas de stipulation contractuelle contraire.

Il reste que le stock des provisions pour renouvellement afférentes devra pouvoir être identifié et justifié auprès des AODE.