le 24/05/2018

Le Conseil d’Etat étend sa jurisprudence « Czabaj » relative au délai raisonnable d’introduction d’une requête au domaine indemnitaire

CE, 9 mars 2018, Communauté de communes du pays roussillonnais, n° 405355

Par une décision du 9 mars 2018, le Conseil d’Etat a étendu l’application de sa décision de principe « Czabaj » rendue en Assemblée le 13 juillet 2016, au contentieux indemnitaire.

Il faut rappeler que, par sa décision « Czabaj », la Haute juridiction a posé, à l’aune du principe de sécurité juridique, la règle selon laquelle une décision administrative individuelle notifiée à son destinataire ou dont il a eu connaissance mais ne mentionnant pas les voies et délais de recours ne peut être contestée « indéfiniment », et doit l’être dans un « délai raisonnable ».

Elle a plus précisément indiqué qu’en règle générale, sauf circonstances ou recours administratifs particuliers, ce délai ne saurait excéder un an à compter de la date à laquelle l’intéressé s’est vu notifier la décision ou en avait une connaissance établie.

En l’espèce, le Conseil d’Etat rappelle cette solution et le considérant de principe afférent et en fait une application combinée avec la jurisprudence de principe « Lafon » (Conseil d’Etat section, 2 mai 1959, Min. Finances c/ Lafon : Lebon 1959, p. 282), aux termes de laquelle un requérant n’est pas recevable à solliciter l’indemnisation du préjudice qu’il estime avoir subi du fait de l’illégalité d’une décision dont l’objet est purement pécuniaire devenue définitive.

En l’occurrence, la Communauté de communes avait eu connaissance, à la fin de l’année 2012, de la décision préfectorale portant minoration, pour cette année-là, de la compensation au titre du produit de la taxe sur les surfaces commerciales.

Cette décision, dont l’objet est purement pécuniaire, n’ayant pas été contestée dans le délai raisonnable d’un an, elle était ainsi devenue définitive à la date d’introduction de la requête de la Communauté de communes devant le tribunal administratif de Grenoble le    26 décembre 2014.

En conséquence, les conclusions indemnitaires présentées par la Communauté de communes au titre de l’illégalité de cette décision étaient irrecevables. Le Conseil d’Etat rejette ainsi son pourvoi.

Il faut par ailleurs noter que la jurisprudence « Czabaj » a été étendue, par une décision du même jour (Conseil d’Etat, 9 mars 2018, Communauté d’agglomération du pays ajaccien, n° 401386), au contentieux des titres exécutoires. Le Conseil d’Etat a formulé des précautions supplémentaires en prévoyant une modulation du point de départ du délai d’un an et en prenant en compte l’erreur du débiteur quant à l’ordre de juridiction saisi.